Par Inès Sauvaget :
Au cœur de l’Essonne où vrombissent les moteurs thermiques, deux PME sont à la pointe du sport automobile durable. Spark Racing Technology est, cette année encore, la championne de la compétition de monoplace 100% électrique Formule E, cousine de la Formule 1. Et pour cause, depuis la création du championnat en 2014, c’est l’entreprise essonnienne qui fabrique l’ensemble des voitures qui s’affrontent sur les pistes du monde entier.
Au départ, l’entreprise a vu le jour avec seulement une poignée d’ingénieurs et de mécaniciens, sous l’impulsion de Frédéric Vasseur, actuel directeur de l’écurie Ferrari en Formule 1. Aujourd’hui, une cinquantaine de personnes s’affairent, à Tigery, à confectionner une monoplace qui allie économie et écologie.
Pour atteindre cet objectif, Spark mise sur la mutualisation. “Tous les concurrents ont la même voiture. Cela évite d’avoir à réinventer la conception pour chaque écurie”, développe Nicolas Wertans. La recyclabilité des matériaux et l’organisation du tissu industriel (distance des fournisseurs, chemins logistiques…), sont également prises en compte lors de la conception de la voiture.
Et si la Formule E ressemble à s’y méprendre à ses cousines de Formule 1, sa conception relève d’un véritable enjeu technologique. Qui dit véhicule électrique, dit batterie. “C’est volumineux, lourd et a moins d’autonomie qu’un véhicule thermique. Ça fait de nombreuses contraintes”, décrit le président de Spark.
Les équipes d’ingénieurs et de mécaniciens réfléchissent donc à la consommation d’énergie, la résistance à l’air, l’appui du véhicule en courbe pendant les courses… Autant d’aspects techniques réfléchis et testés au sein du site essonnien, auquel s’ajoute la gestion de l’énergie et de la sécurité est aussi une dimension importante”, ajoute Nicolas Wertans.
À travers les années et les véhicules créés, Spark Racing Technology est devenu le leader dans son domaine. De quoi lui permettre de remporter tous les appels d’offres lancés par la Fédération internationale de l’automobile (FIA) depuis la création du championnat. Actuellement, Spark travaille sur sa troisième génération de voitures qui roulera jusqu’en 2026. L’entreprise essonnienne à déjà remporté le prochain appel d’offres qui les emmène jusqu’en 2032.
Un ancrage solide qui leur a permis de développer leurs activités dans de nouveaux championnats tels que l’Extrême E et l’Extrême H des compétitions de sport automobile tout terrain avec des voitures électriques et à hydrogène.
Réfléchir à l’électrique de demain
Les compétitions font office de véritables laboratoires pour les constructeurs qui l’investissent. Car si la voiture est réalisée par Spark, chacune des équipes apporte sa pierre à l’édifice. En Formule E, les onze écuries installent leur propre moteur et réalisent leurs propres réglages. Une manière pour elles d’expérimenter des systèmes qui pourraient ensuite alimenter les voitures de route de demain.
L’une d’elles, Nissan Formula E Team, a fait le choix de s’installer à Viry-Châtillon, en décembre 2023. En cette saison 2025 de la compétition, l’écurie domine ses concurrentes. “L’idée était de pouvoir développer nos technologies plus vite et de populariser nos voitures électriques dans le monde pour donner envie aux gens de l’adopter”, explique Tommaso Volpe, directeur de l’écurie Nissan.
Une fois la voiture récupérée, Nissan, comme ses concurrents, a environ deux ans pour la préparer dans ses locaux essonniens et réaliser des simulations de courses. Chacune des voitures est utilisée pour deux saisons et peut réaliser une vingtaine de jours sur circuit. Pour préparer les pilotes, l’écurie utilise donc un simulateur dans lequel les données de la voiture sont rentrées pour être au plus proche de la réalité de course.
Pour accroître la durabilité de l’ensemble du championnat, l’équipe organisatrice des Grands Prix, s’occupe d’envoyer tout ce dont les écuries ont besoin, y compris les véhicules. “Cela rend les choses plus efficaces et permet de réduire les émissions de CO2”, explique Tommaso Volpe.
Un modèle qui semble porter ses fruits. Depuis près de dix ans, les audiences de la variante écolo du sport de monoplace ne faiblissent pas, ce qui en fait le deuxième championnat le plus suivi du monde, au coude à coude avec le motoGP. Le championnat attire un nouveau public, happé par les logiques de durabilité et d’efficience de ce sport automobile.